L’Energiepass habitation, document obligatoire au Luxembourg pour évaluer la performance énergétique d’un logement, repose sur des calculs théoriques standardisés. Bien qu’il fournisse une indication utile sur l’efficacité énergétique d’un bâtiment, il est souvent constaté que les consommations annoncées sont largement supérieures aux consommations réelles des occupants.

Plusieurs facteurs expliquent cet écart :

  1. Une approche théorique et standardisée
    L’Energiepass ne se base pas sur les habitudes de consommation réelles des occupants, mais sur des scénarios types définis par la réglementation. Ces scénarios considèrent des valeurs conventionnelles pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire et la ventilation, souvent en décalage avec la réalité des comportements individuels.
  2. Des hypothèses de ventilation et de température surévaluées
    Le calcul de l’Energiepass suppose une température intérieure constante (20°C) et une ventilation continue selon des normes réglementaires. Or, en pratique, de nombreux occupants chauffent moins certaines pièces et adaptent leur ventilation, ce qui réduit la consommation réelle.
  3. L’impact du type de chaudière dans les bâtiments existants
    Lorsqu’un Energiepass est réalisé pour un bâtiment existant, le rendement de la chaudière en place est pris en compte, souvent inférieur à celui d’une chaudière moderne à condensation. En revanche, dans le cadre d’un Energiepass pour une construction neuve, les calculs sont basés sur des systèmes de chauffage performants (chaudières à haut rendement, pompes à chaleur, etc.), ce qui entraîne une différence notable entre les performances théoriques et celles observées dans les bâtiments existants.De plus, les installations plus anciennes peuvent avoir une régulation moins efficace et une inertie thermique différente, ce qui peut affecter la consommation réelle de manière plus complexe que les modèles standardisés ne le prévoient.
  4. Une occupation et des apports internes non pris en compte
    L’évaluation énergétique ne tient pas compte des apports de chaleur internes (électroménager, éclairage, chaleur corporelle) et des variations d’occupation des logements. Un appartement habité par une seule personne consommera naturellement moins qu’un calcul basé sur une occupation standard.
  5. Une marge de sécurité intégrée
    Afin d’éviter toute sous-estimation, le modèle de calcul intègre généralement des coefficients de sécurité, ce qui conduit à des consommations plus élevées que la réalité.
  6. L’impact des équipements modernes et des comportements éco-responsables
    Avec l’amélioration des équipements (chauffages plus performants, régulation intelligente, électroménager basse consommation) et une sensibilisation accrue à la gestion énergétique, les ménages adaptent leur consommation de manière plus efficace que les scénarios prédéfinis.

En 2014, une étude menée par des ingénieurs de l’Université du Luxembourg a révélé que les passeports énergétiques luxembourgeois surestimaient souvent la consommation d’énergie finale des bâtiments d’habitation. Les résultats ont montré que, pour les maisons individuelles, la consommation indiquée était jusqu’à 74 % supérieure à la consommation réelle, tandis que pour les immeubles collectifs, cette surestimation atteignait 103 %. ​Science Luxembourg

Cette surestimation est attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’utilisation de valeurs standardisées pour le calcul des besoins énergétiques, qui ne reflètent pas toujours les habitudes réelles des occupants. Par exemple, les calculs se basent sur une température intérieure constante de 20 °C, alors que dans la réalité, surtout dans les bâtiments plus anciens, la température moyenne peut être inférieure, parfois autour de 17 °C. De plus, certains paramètres utilisés dans les calculs peuvent ne pas être adaptés aux spécificités des bâtiments anciens, ce qui conduit à des écarts significatifs entre les valeurs théoriques et la consommation réelle. ​Science Luxembourg

En réponse à cette étude, le ministère de l’Économie a clarifié que les certificats de performance énergétique (CPE) sont établis sur la base de besoins énergétiques calculés pour un utilisateur standardisé, conformément aux directives européennes. Ces calculs standardisés permettent de comparer différents bâtiments de manière objective, indépendamment des habitudes de consommation des occupants, qui peuvent varier considérablement. Ainsi, les différences observées entre les valeurs calculées et les consommations réelles ne remettent pas en cause le système de certification, mais soulignent l’importance de comprendre que les CPE fournissent une estimation théorique plutôt qu’une mesure précise de la consommation réelle. ​Economie Luxembourg

Ces informations mettent en lumière les limites des passeports énergétiques actuels et l’importance d’adapter les méthodes de calcul pour mieux refléter la réalité des consommations énergétiques dans les bâtiments existants.​

Conséquences et solutions

Cette surestimation peut parfois induire en erreur les propriétaires et acheteurs sur les coûts réels d’exploitation d’un bien. Il est donc recommandé de compléter l’Energiepass par une analyse des factures énergétiques réelles et des habitudes des occupants pour avoir une vision plus juste de la consommation d’un logement.

En conclusion, si l’Energiepass reste un outil utile pour comparer l’efficacité énergétique des bâtiments, il ne reflète pas toujours la réalité de la consommation, qui dépend largement des occupants, du type d’équipement de chauffage installé et de leur mode de vie..

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